Fusilli, brocolis, saucisse italienne, pecorino & piment

Le vent effleurait les feuilles des vignes comme un souffle ancien. La maison de Carla, large et basse, respirait le calme d’un dimanche toscan. À l’intérieur, la table était dressée. Un plat fumait au centre, généreux et odorant : Fusilli ai broccoli, salsiccia, peperoncino, pecorino grattugiato. Le soleil venait mourir sur la faïence des assiettes.

Luigi, les mains encore brillantes d’huile d’olive, s’affairait entre la cuisinière et le four. Il avait insisté pour préparer le repas, comme à chaque fois qu’elles étaient là. Cela lui donnait un prétexte pour ne pas trop parler.

Giulia, la trentaine bien engagée, discutait avec sa soeur Sara tout en découpant des morceaux de pain pour ses filles. Les petites jouaient avec les bouchons de liège tombés au sol. Leur mère, Carla, droite et fine, ajustait les verres en silence.

Ils ne l’ont pas entendue arriver.

Elena s’est avancée seule, valise à la main, un sac jeté sur l’épaule. Elle s’est arrêtée à l’entrée de la cuisine, ses yeux cherchant le visage de Luigi.

– Papà…

(Il s’est retourné, la spatule en main.)

– Elena…

Elle a esquissé un sourire. Les autres s’étaient figées, sans hostilité, juste surprises. Luigi s’est approché lentement, un torchon encore jeté sur l’épaule.

– Sei venuta per pranzo ? (Tu es venue pour déjeuner ?)

Elle a hoché la tête.

– Sì. Se non disturbo. (Oui. Si je ne dérange pas.)

Personne n’a protesté. Les enfants ont continué à jouer. Le repas a commencé, un peu plus lentement.

La saucisse, émiettée et moelleuse, mêlait son goût rustique au vert tendre du brocoli. Le piment, discret mais franc, réveillait les papilles sans brusquer. Le pecorino liait le tout, dense et salé, comme une mémoire qu’on n’a pas oubliée.

Ils ont mangé. Longtemps. Et puis Elena a posé sa fourchette.

– La mia società è fallita. Ho chiuso tutto. Non ho più niente, là. Sono venuta qui. Ho bisogno di tempo. Non lo so ancora. (Ma société a fait faillite. J’ai tout fermé. Je n’ai plus rien, là-bas. Je suis venue ici. J’ai besoin de temps. Je ne sais pas encore.)

Le silence a suivi. Pas dur. Mais profond.

Carla l’a regardée, droite comme un cyprès.

– Questa è casa tua. Non c’è bisogno di chiedere il permesso.
(C’est ta maison. Tu n’as pas besoin de demander.)

Sara a repris une bouchée sans rien dire. Giulia a versé du vin dans le verre d’Elena, les yeux un peu brillants.

Luigi s’est levé sans bruit, a repris la louche.

– Vuoi un altro piatto ?
(Tu veux une autre assiette ?)

Elle a dit oui. Il l’a servie comme on recoud un fil trop longtemps défait.

Plus tard, elle est sortie seule. Elle a marché entre les vignes, pieds lents sur la terre sèche. L’air sentait le fenouil sauvage. Le ciel s’étirait lentement, calme comme un souffle après les larmes.

Elle s’est arrêtée, là, au milieu, les bras croisés, le souffle long.

Ce n’était pas une victoire. Mais ce n’était pas une fin.

C’était peut-être juste un début.

Fusilli, brocolis, saucisse italienne, pecorino & piment

Recette de Andrea GribodenniPlat : Soleil méditerranéen
Personnes

4

pers.
Temps de préparation

5

minutes
Temps de cuisson

15

minutes

Ingredients

  • 320 g de fusilli

  • 250 g de brocolis

  • 200 g de saucisse italienne

  • 50 g de pecorino râpé

  • 1 piment rouge frais

  • Huile d’olive

  • Sel

  • Poivre

Directions


  • Cuire les brocolis dans l’eau bouillante salée. Égoutter en gardant un peu d’eau de cuisson.

  • Faire revenir la saucisse émiettée avec un peu d’huile d’olive et le piment coupé finement.

  • Ajouter les brocolis cuits, mélanger.

  • Cuire les fusilli al dente, les incorporer à la préparation avec un peu d’eau de cuisson et le pecorino râpé.

  • Servir.

Notes

  • Plat rustique et authentique, typique de la cuisine des campagnes italiennes. La saucisse apporte du caractère, le brocoli une douceur végétale, tandis que le pecorino lie le tout avec finesse. Le piment vient réveiller les papilles avec subtilité. Un régal humble et généreux, simple comme un sourire.
  • « Rien n’est jamais fini, il suffit d’un peu de bonheur pour que tout recommence. » – Émile Zola, Germinal

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